Préserver la biodiversité, pourquoi ?

Qu’est-ce que la biodiversité ?

La biodiversité, c’est tout le vivant et la dynamique des interactions en son sein. Plus précisément, c’est l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, être humains, champignons, bactéries, virus…) ainsi que toutes les relations et les interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, et, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie.

La vie sur terre comprend trois aspects interdépendants :

  • la diversité des espèces (dont l’espèce humaine). On estime aujourd’hui à plus de 10 millions le nombre d’espèces d’êtres multicellulaires, mais seulement 1,8 millions ont déjà été identifiées,
  • la diversité des individus (diversité des gènes) au sein de chaque espèce,
  • la diversité des milieux de vie (écosystèmes) : des océans, prairies, forêts… au contenu des cellules (des parasites peuvent notamment y vivre) en passant par la mare au fond du jardin...

La biodiversité est le produit de plus de 3 milliards d’années d’évolution et constitue un patrimoine naturel et une ressource vitale dont l’humanité dépend de multiples façons.

Un constat d’érosion

Chiffres clés :

  • 1,8 millions d’espèces inventoriées aujourd’hui (pour 10 à 100 millions dont on suppose l’existence),
  • sur 47677 espèces étudiées par l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 17291 sont menacées, soit 36%.

Compte tenu du rythme actuel de disparition des espèces, la moitié des espèces vivantes que nous connaissons pourrait disparaître d’ici un siècle. Cette extinction est d’une vitesse et d’une globalité sans rapport avec les précédentes extinctions de masse et elle menace directement la survie de l’espèce humaine.

Aujourd’hui, 36% des espèces étudiées par l’UICN (soit 17 291 sur 47677) sont menacées dans le monde, dont :

  • 1 mammifère sur 5, parmi lesquels les orangs-outangs et les ours polaires par exemple,
  • 1 oiseau sur 8,
  • 1/3 de tous les amphibiens,
  • 70% de toutes les plantes.

Les écosystèmes sont également menacés : 60% des écosystèmes de la planète ont été dégradés au cours des 50 dernières années, et les deux tiers des écosystèmes sont aujourd’hui exploités au-delà de leurs capacités.

Qu’en est-il de l’érosion de la biodiversité en France ?

Un patrimoine naturel exceptionnel, en métropole et surtout à l’Outre-Mer : La France est présente sur deux continents et dans trois océans (c’est le 2ème domaine maritime du monde avec 11 millions de km²). Les milieux naturels et les climats y sont très divers, d’où une très grande variété en termes de biodiversité.

Ainsi l’hexagone occupe la première place en Europe pour la diversité des amphibiens (38 espèces), des oiseaux (357 espèces) et des mammifères (120 espèces).

Un patrimoine menacé : La France (métropole et Outre-Mer) se situe au 8ème rang mondial (4ème rang européen) des pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées (dugong, tortue luth, albatros hurleur…). Sur les 34 points chauds de biodiversité identifiés au niveau mondial, 5 points chauds terrestres et 2 marinsse trouvent sur le territoire national.

Les menaces sont très présentes, puisque notamment :

  • Sur l’ensemble du territoire national, environ 165 ha de milieu naturel sont détruits chaque jour à des fins diverses. Chaque année par exemple, plus de 60 000 hectares de terrains agricoles et de milieux naturels sont transformés en routes, habitations, zones d’activités (cela représente l’équivalent d’un département comme les Deux-Sèvres tous les 10 ans).
  • Le nombre d’espèces envahissantes a augmenté de 50% en quatre ans (cette menace est particulièrement forte en Outre-Mer car la petite surface des îles et leur isolement géographique rend les espèces indigènes plus vulnérables aux espèces exotiques).

Quelles sont les causes de l’érosion de la biodiversité ?

Des causes naturelles existent à l’extinction des espèces, mais le rythme actuel d’extinction est largement attribuable aux activités humaines. L’érosion de la biodiversité a cinq causes principales :

  • la destruction, la réduction et la fragmentation des habitats naturels : l’urbanisation croissante et l’expansion des terres agricoles conduisent à l’assèchement des marais, à la disparition de prairies, à la destructions de forêts…, réduisant ainsi l’espace que les espèces peuvent occuper et dans lequel elles peuvent se déplacer, et détruisant les habitats de certaines espèces,
  • la surexploitation de certaines espèces (via la surpêche, la déforestation, le braconnage…), renforcée notamment par le commerce illégal (5 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel pour le trafic d’animaux sauvages),
  • les pollutions de l’eau, des sols et de l’air (dont les pollutions agricoles : usage excessif d’insecticides et d’herbicides en particulier),
  • l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (tortue de Floride ou frelon asiatique pour la France par exemple) : elles modifient l’écosystème dans lequel elles sont introduites et font courir deux risques aux espèces déjà présentes :
    • elles rentrent en compétition pour l’utilisation des ressources naturelles (celles-ci seront consommées par les espèces envahissantes, au détriment des espèces déjà présentes),
    • elles se nourrissent des espèces déjà présentes,
  • le changement climatique : il s’ajoute aux autres causes (effets directs sur la biodiversité), et dans certains cas les aggrave (effets indirects sur la biodiversité). Il contribue à la modification des conditions de vie des espèces, les forçant à migrer ou à s’adapter (par exemple, les migrateurs ont tendance à partir plus tôt dans l’année ou à ne plus voyager), ce que toutes ne sont pas capables de faire. Les changements climatiques pourraient entraîner la perte de 15 à 37% des espèces vivantes d’ici 2050.

C’est aujourd’hui la combinaison de ces cinq facteurs qui menace la biodiversité : par exemple, les récifs coralliens sont en train de disparaître à cause de la surexploitation, du réchauffement climatique et des pollutions marines.

Pourquoi faut-il préserver la biodiversité ?

Car les espèces sont uniques, irremplaçables et interdépendantes

Chaque espèce est unique et irremplaçable, et sa disparition, irréversible, peut avoir des conséquences importantes et imprévisibles sur d’autres espèces, par un mécanisme d’effet « cascade ».

Quelques exemples :

  • La disparition d’une espèce de prédateurs peut transformer profondément un écosystème : ainsi, dans le parc du Yellowstone (Etats-Unis), la réintroduction des loups a modifié le comportement de leurs proies (cerfs…), les conduisant à se rassembler moins longtemps et moins nombreuses en bord de rivière afin de ne pas y être exposées. Peu à peu, la végétation s’est à nouveau développée dans ce paysage, ce qui a permis le retour de certaines espèces d’oiseaux qui avaient disparu de cet écosystème.
  • La disparition des grands prédateurs marins, tels les requins (qui ont perdu plus de 95% de leurs effectifs), a entraîné la prolifération des méduses.
  • Les plantes à fleur dépendent largement des animaux (insectes et notamment abeilles, oiseaux, chauves-souris) pour leur reproduction : pollinisation, transport et plantation des graines.

Toutes les interactions sont encore très loin d’être connues, d’autant que seules 1,8 millions d’espèces sur environ 10 à 100 millions sont aujourd’hui identifiées. Il est donc impossible d’anticiper toutes les conséquences de la disparition d’une espèce. Jusqu’à une date récente, les « marais à obione » du Mont-saint Michel n’étaient par exemple pas considérés comme des milieux intéressants. On a découvert récemment qu’ils offrent en fait une ressource fondamentale pour les moules et les poissons de la baie.

Car la biodiversité permet au vivant de s’adapter aux changements

C’est la diversité des espèces et leur diversité génétique qui permet de s’adapter aux changements (climatique, économique…), et assure la survie du vivant.

En effet, plus le nombre d’espèces et leur diversité génétique sont élevés, plus les chances sont grandes que certaines soient capables de s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Dans les années 70, un virus dévastait les rizières de l’Inde et de l’Indonésie. L’institut international du riz a dû tester plus de 6000 types de riz avant de trouver une variété porteuse de gènes de résistance à cette maladie.

Car la biodiversité assure de nombreux « services », auxquels il est difficile et coûteux de suppléer

La biodiversité nous rend des services essentiels :

  • Services « d’approvisionnement » : prélèvement d’une matière première : nourriture, eau douce, médicaments… Environ la moitié des médicaments de synthèse ont par exemple une origine naturelle.
  • Services « de régulation » : traitement de l’eau (une espèce de plante aquatique locale permet de réduire de moitié en 24 heures le taux d’uranium dans un cours d’eau), production d’oxygène par les végétaux, rôle d’« éponge naturelle » des zones humides permettant de limiter le risque d’inondations, stockage du carbone…
  • Services « à caractère social » : les milieux naturels sont utilisés pour les activités que l’on peut y pratiquer (tourisme par exemple).

De nombreuses innovations et pistes de recherche du domaine médical ou économique sont liées à l’observation de propriétés spécifiques à certaines espèces animales ou végétales. Les rapaces nous ont aidés à comprendre le caractère chimique de la digestion. On a identifié sur les grenouilles une substance permettant de prévenir les mobiliser ses graisses sans faire fondre ses muscles. La compréhension de ce phénomène permettrait d’améliorer la lutte contre l’obésité humaine.

Avec l’érosion de la biodiversité, de nombreux services rendus par la nature devront être recréés artificiellement, ce qui ne sera pas toujours possible, et aura un coût bien plus élevé que le coût nécessaire à sa protection.

(source : https://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-biodiversite,4247-.html)

Documents d'information (source : Ministère écologie)